Ecrit par Guillaume Lourmiere le 1 juillet 2025

Ferme de crevettes en Polynésie Française

Dans l’aquaculture tout n’est pas parfait, il y a du très bon et du très mauvais, certaines pratiques sont à encourager et d’autres à condamner. C’est un fait, pour pouvoir nourrir correctement tous le monde, l’aquaculture doit se développer mais pas n’importe comment et pas n’importe où.

En général, les entreprises multinationales aquacoles, les gouvernements et la recherche privée se basent sur le modèle de développement de l’agriculture, c’est-à-dire toujours plus de technologies (donc plus de consommation énergétique), plus de densité dans les élevages, plus d’intensivité, moins de diversification des espèces élevées (monocultures), et surtout, plus de profits pour certains pendant que d’autres perdent leurs moyens de subsistance. On a pu le voir dans l’agriculture et on le voit aujourd’hui en aquaculture, ces pratiques entraînent une hyper-spécialisation des productions (monocultures ultra intensives), un éloignement entre les zones de production et de consommation toujours plus grand, la transmission de maladies facilitée par les fortes densités d’élevages, l’utilisation de toujours plus d’antibiotiques et de produits chimiques, l’enrichissement des grandes entreprises et de leurs actionnaires au détriment des petits producteurs, la création de monopoles ou semi-monopoles, la destruction d’écosystèmes fragiles et indispensables pour les populations humaines et pour la faune et la flore sauvages.

Dans ce constat, d’un point de vue aquacole tous les pays ne sont pas à loger à la même enseigne, il y a ceux qui aujourd’hui déjà surproduisent, ceux qui ont atteint leur limite environnementale de production, et ceux qui peuvent et doivent développer leur aquaculture pour atteindre la sécurité alimentaire de leur population.

Tomorrow’s Aqua travail dans le but de développer l’aquaculture là où c’est nécessaire, c’est-à-dire dans les pays où la sécurité alimentaire des habitants n’est pas encore atteinte, et dans les pays qui surconsomme les animaux terrestres (pays développés) alors qu’ils ont un potentiel aquacole sous-exploité. Aussi, Tomorrow’s Aqua cherche à transférer et vulgariser les savoirs scientifiques aquacoles pour que le plus grand nombre puisse les utiliser et les adapter à leur particularités locales. Et bien sûr, apprendre des paysans aquacoles qui possèdent un savoir traditionnel immense bien trop souvent ignorer ou mépriser par les grands groupes, les scientifiques du privé et les gouvernements.

En effet, nous vivons dans un monde ou la solution technologique et la seule mise en avant (en aquaculture et dans tous les secteurs économiques), alors que nous avons toutes les données, toutes les analyses et le recul temporel qui montrent les limites de cette pensée et de ce développement, et malheureusement c’est bien trop souvent la seule alternative promue, aussi bien dans certaines universités, dans la plupart des entreprises et auprès des paysans et des consommateurs.

Selon Tomorrow’s Aqua, l’aquaculture doit se concentrée sur l’élevage d’espèces de faible niveau trophique (micro et macro algues, bivalves et gastéropodes, crustacés détritivores, poissons omnivores, …) et dont l’utilité première est de nourrir qualitativement les populations locales et non pour l’export en grande quantité vers les pays développés. Certaines espèces ne devrait simplement pas être élevé car elles sont seulement utiles pour qu’une minorité fasse un maximum de profits au détriment de l’environnement, des travailleurs, des consommateurs, des animaux sauvages, des conditions de vie des animaux élevés et des habitants qui vivent à proximité des zones d’activités liées à l’aquaculture (élevages ultra intensifs, usines de transformation, zones de pêches de poissons fourrages …), par exemple les poissons marins exclusivement carnassiers (saumon, thon …), les céphalopodes (pieuvres), les esturgeons élevés pour leur caviar, et bien d’autres . . .

Cette vision n’est pas réjouissante, mais pas non plus pessimiste, elle essaie d’être réaliste, Tomorrow’s Aqua a la conviction que l’on peut toujours faire mieux sans être trop idéaliste, bien sûr il y a des enjeux économiques à prendre en compte, mais il faut garder en tête que l’argent n’est pas comestible.

Le changement des mentalités va prendre du temps, mais les jeunes générations comprennent que le monde productiviste a atteint ces limites, et demain elles seront au pouvoir partout dans le monde. L’aquaculture changera car nous n’aurons simplement plus la possibilité de continuer ainsi.

Cette vision de l’aquaculture est générale, heureusement il existe beaucoup d’alternatives dans le monde, les producteurs, les scientifiques, les ONG et les gouvernements peuvent aussi être des exemples et des inspirations pour créer en commun un avenir meilleur.